Le Japon s'occidentalise à outrance ou se cache derrière la tradition et les mythes. Immémorial, il fait intervenir les innombrables dieux shinto. Futuriste, le plus oriental des pays asiatiques devient un des maîtres du jeu industriel et économique mondial. Au Japon, nous sommes au carrefour privilégié où passé et présent se juxtaposent. Bien sûr, l'insularité, souvent étouffante, a développé chez certains la volonté de gommer leur vraie nature pour ne garder que nos tics, notre boulimie de consommation, nos signes extérieurs de puissance moderne.

Quel est le lien qui unit le Japon d'hier à celui d'aujourd'hui? Entre un passé surchargé de culture et un présent qui anticipe d'un siècle, comment la continuité pourra t-elle être assurée ? C'est en essayant de démêler les racines du Japon que l'on s'explique mieux cette irrésistible trajectoire, entamée au lendemain de la seconde guerre mondiale. Miracle économique, disent les experts, avec leurs sens de l'analyse pointue. Le pays des métamorphoses, de son coté, sait de quel poids pèsent les valeurs anciennes et semble pressentir, quand il s'agit de l'ancienne génération, les dangers de sa croissance.

De l'art du thé à celui du bain, de la conception d'un bouquet à la flèche qui échappe à l'arc, c'est une fascination sur la sensibilité dont il est question. Toute notion de l'art est sans doute subjective , celle des Japonais passe par le geste le plus banal pour parvenir jusqu'à sublimer ce que nous qualifions, parfois, de dérisoire.

On peut multiplier les exemples qui mènent à cette conception essentiellement japonaise d'une profonde connaissance de soi-même. Quand on appartient à une île disloquée en quatre ou cinq parties sur un territoire du tiers de la France, entouré de 1042 miettes d'îles, on se trouve devant l'inévitable alternative : s'enraciner un peu plus, ou choisir l'exil; ceux qui s'en iront, conserveront toujours leur identité.